Traversée du fleuve Milo à pied...
Bonjour à tous, amis et partenaires de route du projet que j’ai le plaisir de coordonner ici en Guinée.
Quatre mois se sont écoulés depuis ma dernière lettre d’informations. L’objectif concret le plus attendu ici, était l’arrivée d’un camion qu’un partenaire devait expédier depuis Toulouse, via Anvers (en effet, il s’avère que le port d’Anvers en Belgique est plus indiqué que des ports français pour ce type de transports maritimes internationaux). Malheureusement, le ralentissement général des activités commerciales mondiales depuis mars, ainsi que des aléas indépendants de notre volonté ici en Guinée, ont retardé cette opération, qui est néanmoins reprogrammée. Le camion devrait arriver au port de Conakry dans un bateau prévu pour le 04 juillet prochain.
Pendant ces 4 mois, nous sommes tout de même parvenus à obtenir 2 titres fonciers, tout récemment en juin : celui de mon terrain personnel et celui de l’élevage (18 hectares) situé à environ 15 kms du village. Il faudra convertir ces titres fonciers personnels en possibilités de prêt personnel, pour poursuivre les activités qui ont démarré.
Le défi actuel consiste à acheminer les tuiles que j’ai achetées pour mon propre compte et qui se trouvent toujours à Conakry... Pour couvrir ma maison de Djélibakoro, pouvoir m’y installer et suivre toutes les activités sur place.
Sur le trajet reliant Kankan à Djélibakoro, passe le fleuve Milo avant qu’il se jette dans le Djoliba, environ 30 kms plus loin à Djélibakoro. Le Milo sépare 2 villages : Batè Soïla et Gwèn So. Avant l’hivernage (la saison des pluies), le niveau du fleuve est bas. Il arrive que des femmes courageuses traversent à pied, bébé sur le dos, et des marchandises chargées sur la tête. Il existe pourtant des pirogues qui relient les 2 rives du fleuve. Une amie me demandait récemment si les femmes qui effectuaient ainsi la traversée à pieds ne s’exposaient pas à d’éventuels crocodiles ? J’ai posé la question à mon tour à des autochtones, qui m’ont rassuré que non... Je sais cependant qu’il existe bien des crocodiles à environ 25 kms plus loin, à l’approche de l’embouchure du Milo quand il se déverse dans le Djoliba. Un jour, il y aura un pont entre Batè Soïla et Gwèn So...
Je suis adepte de l’idée selon la quelle il n’y a pas de rêve impossible. Bien sûr, il faut s’armer depatience et de persévérance, ne pas baisser les bras malgré les difficultés inévitables. S’adjoindre des « Intelligences Multiples », puis essayer, tenter, recommencer, encore et encore. La fermeture « éclair » ou l’ampoule électrique, les vols habités entre autres, ont résisté pendant des années.
Quelqu’un a dit que « Rien n’est donné, tout se construit ».
Il convient de concevoir et de se fixer sur une vision claire et ambitieuse du futur, et tout mettre en oeuvre pour construire ce futur, avec souplesse mais avec fermeté. Ce futur ne doit pas être limité à vingt ans ou cinquante ans, mais doit pouvoir embrasser au moins trois ou quatre générations, au moins cent vingt ou cent cinquante ans. Avec l’idée que si
personne ne peut humainement prévoir l’avenir avec précision, ni savoir de quoi
demain sera fait (en paraphrasant Maria MONTESSORI), il est possible de former les jeunes générations à apprendre à s’adapter à ce monde qui change. Par ailleurs, il est opportun de « penser globalement, mais agir localement », tel que l’a déclaré avec pertinence Jacques ELLUL. Comme le fleuve Djoliba,
« commencer petit » en partant de la Guinée, puis le Mali, l’Afrique de l’Ouest, et s’ouvrir à toute l’Afrique, et donc, les Douze Nations... Il y aura peut-être des rivières qui paraîtront infranchissables. Mais j’ai la certitude qu’aucune rivière ne demeure indéfiniment infranchissable, si je veux absolument la traverser... À son époque, Pierre-Paul RIQUET a inventé le pont-canal (Canal du Midi) et a pu ainsi relier la Méditerranée à l’Atlantique.
L’essentiel de nos activités se concentre actuellement sur l’Espace des Douze Nations. Il s’agit de cette propriété de 3 hectares située au bord de ce couloir routier international d’environ 4 500 kms qui longe le fleuve Djoliba, et qui relie le port de Conakry en Guinée à Port Harcourt au Nigéria. C’est un lieu stratégique de plusieurs points de vue, particulièrement au niveau commercial. Notre objectif, c’est de faire de cet endroit un espace d’accueil agréable et incontournable ; un lieu de halte et de repos d’une part, mais aussi un espace de réparation de véhicules ainsi qu’un entrepôt d’autre part. Dans tous les cas, faire de ce lieu une source de financement à court terme pour nos activités futures.
Depuis février dernier, nous avons érigé 2 maisons sur ce site. La 1ère servira à héberger le maçon, et la 2ème sera le logement du responsable de la « dibiterie », celui qui sera chargé du gril. On peut apercevoir les 2 maisons dans un environnement un peu plus verdoyant du fait de la saison des pluies. Le forage sert de repère, pour ceux qui se souviennent de la photo précédente où l’endroit était vierge de tous travaux.
Les toutes 1ères activités que nous envisageons de mettre en place, sont de 4 ordres.
1. La confection et la vente de BTS (Briques de Terre Stabilisée), à partir de la latérite, du sable, un peu de ciment et un peu d’eau. Toujours dans un esprit de s’insérer dans l’environnement avec respect. Nous possédons depuis janvier 2020 une machine à cet effet. La construction de maisons individuelles devrait suivre, selon les compétences du personnel dont nous disposerons.
2. La construction de La Maison SOUNDJATA. Cette « maison » sera un lieu commercial où nous proposons à la vente le maximum de produits traditionnels locaux (vêtements en « bogolan », récipients en argile, encens à brûler, « djinimbéré », etc), des activités traditionnelles de beauté (henné, tresses et coiffure, couture, etc), d’autres produits commerciaux courants (boîtes de sardines, biscuits, jus de fruits, ...)
3. La cuisine traditionnelle et la vente de viande grillée (de chèvre et d’agneau) = DIBI en langage local.
4. La mise en route de l’élevage et la pisciculture sur le terrain de 18 ha.
Il est souhaitable que la Maison SOUNDJATA soit opérationnelle d’ici la fin de l’année 2020. Cet heureux évènement sera le signe que notre activité peut désormais commencer à produire ses propres résultats, des revenus par ses propres moyens. Ce même objectif sera poursuivi par le transport de marchandises du camion tant attendu. L’élevage devrait pouvoir fonctionner courant 2021.
Cependant, comme déjà indiqué, l’aspect commercial ne constitue nullement l’objectif final de l’Espace des Douze Nations. Tout ce qui sera entrepris dans le cadre des Douze Nations aura pour objectif de créer de la richesse afin de financer dans un an les activités d’élevage, qui elles-mêmes produiront à moyen terme un financement pour pouvoir démarrer dans trois à cinq ans, une maison de naissance et une école. Cette maison de naissance et cette école doivent pouvoir fonctionner de manière autonome. De ce fait il est indispensable dans un premier temps de développer des activités ayant pour objectif de produire les revenus nécessaires qui pourront supporter tous les frais de fonctionnement de ces 2 structures.
Il semble cependant prévisible que la confection de BTS, la Maison SOUNDJATA, ainsi que l’élevage et la pisciculture, ne suffiront pas à dégager suffisamment de recettes pour financer une maison de naissance et une école de grande envergure. Pour cette raison, d’autres activités sont en projet sur ce même espace des Douze Nations, et qui justifient sa dénomination. En effet, à côté de la Maison SOUNDJATA, il est prévu de construire, au fur et à mesure, et selon les possibilités :
- Le Restaurant des Douze Nations, ainsi qu’une buvette. Il s’agit de mettre en oeuvre des relations culturelles et commerciales avec des ressortissants volontaires de tout pays, disposés à s’installer, confectionner et commercialiser leur cuisine locale sur place : l’Asie, tout l’Orient en passant par le Moyen-Orient, l’Extême-orient, l’Europe (Est et Ouest) et les Amériques (Nord et Sud), les Caraïbes, l’Australie et la Nouvelle Zélande, et toute l’Afrique naturellement (1 – 2 ans)
- L’Hôtel des Douze Nations (2 – 3 ans)
- La station de carburants des Douze Nations (2 – 3 ans)
- Le Garage des Douze Nations (2 – 3 ans)
- Des Entrepôts (2 – 3 ans)
- La navigation fluviale alimentée par l’énergie solaire et éolienne (3 - 5 ans)
Déjà, une invitation est lancée à toute personne qui partage ce rêve des Douze Nations, de s’ouvrir de plus en plus à cette perspective. Les rêves ne sont-ils pas donnés pour qu’on les réalise ? Il est très stimulant de réaliser que chacun peut participer pour sa part, à la transformation des rêves en réalité. Douze est un chiffre symbolique, même s’il évoque une réalité qui touche au domaine du rêve, de l’épopée ou d’autres croyances selon chaque individu. Dans l’histoire du Mandé, au XIIIè siècle, il est dit que l’empereur Soundjata fut couronné empereur à Kouroukan Fouga par douze rois qui l’avaient accompagné dans sa conquête victorieuse contre l’envahisseur. Niani, la capitale de son empire de trouve à environ 100 kms à vol d’oiseau de Djélibakoro, sur les bords du fleuve Sankarani, à la frontière de la Guinée et du Mali actuel.
Cette étape importante peut démarrer dans les 2 ans qui viennent. Cela signifie que le relai devra passer progressivement à une autre entité que La Ferme et le Village (en Guinée), et l’association Semence Massa Si (Réunion - France). Les activités de restauration et d’hôtellerie, de vente de carburants et de maintenance de véhicules sont des activités purement marchandes qui seront conduites par une entreprise spécifique : DJOLIBA SEMENCE MASSA SI. Cette entreprise déjà existante, est habilitée à exercer des activités commerciales dans ces domaines précités. C’est dire que notre souhait, c’est que le soutien de l’association Semence Massa Si reste toujours conçu et envisagé dans une perspective d’étayage, pour aider Djoliba Semence Massa Si à atteindre la maturité et pouvoir voler de ses propres ailes le plus tôt possible. Dans ce sens, est-ce trop optimiste de se donner comme horizon l’année 2025 ?
Voici en effet les futures activités envisagées à très court terme, mais aussi à moyen terme par Djoliba Semence Massa Si, et pour lesquelles l’accompagnement de La Ferme et Le Village reste important pendant ces 5 ans qui viennent, jusqu’en 2025 :
• Clôture sommaire de l’Espace des Douze Nations
• Aide à la construction de la Maison SOUNDJATA
• Aménagement d’un lieu de traitement des déchets, et qui pratique le tri sélectif
• Mise en place d’un hangar pour protéger les briques qui viennent d’être fabriquées
• Acquisition d’un véhicule d’occasion de transport de la latérite
• Confection des briques en banco pour le hangar des animaux et la maison du berger
La création d’un site internet et d’un blog est actuellement à l’étude. Cela donnera plus de visibilité à tout ce qui se met en place, et permettra plus d’interactivité. La prochaine lettre d’information du 3ème trimestre fournira plus de détails à ce sujet.
Pour nous contacter :
Cathy SCHMITT
Association Semence Massa Si
14, impasse Germain Bénard / 97400 LE TAMPON
Tél +262 692 05 23 09
Elie Coulibaly/Koulibaly
Djoliba Semence Massa Si
Les 12 Nations
ONG La Ferme et le Village
Djélibakoro / Kankan
Tél +224 623 83 83 18
12nations@12nations.org
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